1. |
Vingt ans
04:39
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Pour tout bagage on a vingt ans
On a l'expérience des parents
On se fout du tiers comme du quart
On prend l' bonheur toujours en retard
Quand on aime c'est pour tout' la vie
Cette vie qui dure l'espace d'un cri
D'une permanente ou d'un blue jean
Et pour le reste on imagine
Pour tout bagage on a sa gueule
Quand elle est bath ça va tout seul
Quand elle est moche on s'habitue
On s' dit qu'on est pas mal foutu
On bat son destin comme les brèmes
On touche à tout on dit je t'aime
Qu'on soit d' la Balance ou du Lion
On s'en balance on est des lions...
Pour tout bagage on a vingt ans
On a des réserves de printemps
Qu'on jetterait comme des miettes de pain
A des oiseaux sur le chemin
Quand on aime c'est jusqu'à la mort
On meurt souvent et puis l'on sort
On va griller un' cigarette
L'amour ça s' prend et puis ça s' jette
Pour tout bagage on a sa gueule
Qui cause des fois quand on est seul
C'est ce qu'on appelle la voix du dedans
Ça fait parfois un de ces boucans
Pas moyen de tourner le bouton
De cette radio on est marron
On passe à l'examen de minuit
Et quand on pleure on dit qu'on rit...
Pour tout bagage on a vingt ans
On a une rose au bout des dents
Qui vit l'espace d'un soupir
Et qui vous pique avant de mourir
Quand on aime c'est pour tout ou rien
C'est jamais tout c'est jamais rien
Ce rien qui fait sonner la vie
Comme un réveil au coin du lit
Pour tout bagage on a sa gueule
Devant la glace quand on est seul
Qu'on ait été chouette ou tordu
Avec les ans tout est foutu
Alors on maquille le problème
On s' dit qu' y'a pas d'âge pour qui s'aime
Et en cherchant son coeur d'enfant
On dit qu'on a toujours vingt ans...
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2. |
Les assis
04:51
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Les assis
Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;
Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !
Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau,
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.
Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L'âme des vieux soleils s'allume, emmaillotée
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.
Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.
- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.
Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves,
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l'oeil du fond des corridors !
Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l'oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.
Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever.
Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;
Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules
- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.
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3. |
Ton style
06:03
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Tous ces cris de la rue ces mecs ces magasins
Où je te vois dans les rayons comme une offense
Aux bijoux de trois sous aux lingeries de rien
Ces ombres dans les yeux des femmes quand tu passes
Tous ces bruits tous ces chants et ces parfums passants
Quand tu t'y mets dedans ou quand je t'y exile
Pour t'aimer de plus loin comme ça en passant
Tous ces trucs un peu dingues tout cela c'est Ton Style
Ton Style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton Style c'est ma loi quand tu t'y plies salope!
C'est mon sang à ta plaie c'est ton feu à mes clopes
C'est l'amour à genoux et qui n'en finit plus
Ton Style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Tous ces ports de la nuit ce môme qu'on voudrait bien
Et puis qu'on ne veut plus dès que tu me fais signe
Au coin d'une réplique enfoncée dans ton bien
Par le sang de ma grappe et le vin de ta vigne
Tout cela se mêlant en mémoire de nous
Dans ces mondes perdus de l'an quatre-vingt mille
Quand nous n'y serons plus et quand nous renaîtrons
Tous ces trucs un peu fous tout cela c'est Ton Style
Ton Style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton Style c'est ton droit quand j'ai droit à Ton Style
C'est ce jeu de l'enfer de face et puis de pile
C'est l'amour qui se tait quand tu ne chantes plus
Ton Style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
A tant vouloir connaître on ne connaît plus rien
Ce qui me plaît chez toi c'est ce que j'imagine
A la pointe d'un geste au secours de ma main
A ta bouche inventée au-delà de l'indigne
Dans ces rues de la nuit avec mes yeux masqués
Quand tu ne reconnais de moi qu'un certain style
Quand je fais de moi-même un autre imaginé
Tous ces trucs imprudents tout cela c'est Ton Style
Ton Style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton Style c'est ta loi quand je m'y plie salope!
C'est ta plaie c'est mon sang c'est ma cendre à tes clopes
Quand la nuit a jeté ses feux et qu'elle meurt
Ton Style c'est ton cœur c'est ton cœur c'est ton cœur
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4. |
L'homme
03:38
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Veste à carreaux ou bien smoking
Un portefeuille dans la tête
Chemise en soie pour les meetings
Déjà voûté par les courbettes
La pag' des sports pour les poumons
Les faits divers que l'on mâchonne
Le poker d'as pour l'émotion
Le jeu de dame avec la bonne
C'est l'homme!
Le poil sérieux l'âge de raison
Le coeur mangé par la cervelle
Du talent pour les additions
L'oeil agrippé sur les pucelles
La chasse à courre chez Bertrand
Le dada au Bois de Boulogne
Deux ou trois coups pour le faisan
Et le reste pour l'amazone
C'est l'homme!
Les cinq à sept " pas vu pas pris "
La romance qui tourne à vide
Le sens du devoir accompli
Et le coeur en celluloïde
Les alcôves de chez Barbès
Aux secrets de Polichinelle
L'amour qu'on prend comme un express
Alors qu'ell' veut fair' la vaisselle
C'est l'homme !
Le héros qui part le matin
A l'autobus de l'aventure
Et qui revient après l' turbin
Avec de vagues courbatures
La triste cloche de l'ennui
Qui sonne comme un téléphone
Le chien qu'on prend comme un ami
Quand il ne reste plus personne
C'est l'homme!
Les tempes grises vers la fin
Les souvenirs qu'on raccommode
Avec de vieux bouts de satin
Et des photos sur la commode
Les mots d'amour rafistolés
La main chercheuse qui voyage
Pour descendre au prochain arrêt
Le jardinier d' la fleur de l'âge
C'est l'homme!
Le va-t'en guerre y faut y'aller
Qui bouff' de la géographie
Avec des cocardes en papier
Et des tonnes de mélancolie
Du goût pour la démocratie
Du sentiment à la pochette
Le complexe de panoplie
Que l'on guérit à la buvette
C'est l'homme!
L'inconnu qui salue bien bas
Les lents et douloureux cortèges
Et qui ne se rappelle pas
Qu'il a soixante-quinze berges
L'individu morne et glacé
Qui git bien loin des mandolines
Et qui se dépêche à bouffer
Les pissenlits par la racine
C'est l'homme !
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5. |
Mes petites amoureuses
03:28
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Un hydrolat lacrymal lave
Les cieux vert-chou :
Sous l'arbre tendronnier qui bave,
Vos caoutchoucs
Blancs de lunes particulières
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères
Mes laiderons.
Nous nous aimions à cette époque,
Bleu laideron !
On mangeait des œufs à la coque
Et du mouron !
Un soir, tu me sacras poète
Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
En mon giron;
J'ai dégueulé ta bandoline,
Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front.
Pouah ! mes salives desséchées,
Roux laideron
Infectent encor les tranchées
De ton sein rond !
Ô mes petites amoureuses,
Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
Vos tétons laids !
Piétinez mes vieilles terrines
De sentiments;
Hop donc ! Soyez-moi ballerines
Pour un moment !
Vos omoplates se déboîtent,
Ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent,
Tournez vos tours !
Et c'est pourtant pour ces éclanches
Que j'ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
D'avoir aimé !
Fade amas d'étoiles ratées,
Comblez les coins !
− Vous crèverez en Dieu, bâtées
D'ignobles soins !
Sous les lunes particulières
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
Mes laiderons.
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Octave Crash Paris, France
Octave Crash se spécialise dans la reprise (de) volée sans filet, tendance anar chic. Au programme, de la poésie, du glam et
encore de la poésie, en français, en anglais, en italien...
2 guitares - basse - batterie - un peu de theremine bricolé...
Octave crash est un groupe de scène : trop pingres ou trop feignants pour entrer en studio.
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